Fiche n° 4 : NOUS voulons redonner du sens à notre métier

Petites et grandes actions quotidiennes pour rendre 

la charge de travail à nouveau raisonnable

Chers magistrats, 

L’USMA propose, en cette rentrée judiciaire 2019, de mettre en œuvre le premier plan de lutte solidaire et collective contre le productivisme, visant à rendre la charge de travail dans les juridictions administratives à nouveau supportable et raisonnable.

Il s’agit de créer les conditions d’une véritable révolution culturelle, fondée sur l’idée simple, évidente, mais trop souvent occultée, que ce qui fait de chacun d’entre nous un bon magistrat, c’est notre capacité à dégager, collégialement ou seul, une solution juridique aux litiges soumis, qui soit solide, fiable, argumentée et qui réponde aux attentes du justiciable, et non notre capacité à sortir un nombre incalculable de dossiers.

Le plan que nous vous proposons se construit autour de six fiches, comme autant de pronoms sujets, que nous vous proposons de mettre en œuvre, avec l’aide de nos délégués en juridiction, en charge d’animer la résistance collective face à cette inflation productiviste. 

  • JE m’interroge
  • TU redonnes du sens à ce que tu fais
  • IL-ELLE a le même intérêt que toi
  • NOUS vous aidons à redonner du sens à votre métier
  • VOUS renouez avec l’esprit collectif qu’exige la pratique de notre métier
  • ILS s’adapteront, voire nous aideront

Parce que rien ne peut se faire sans votre adhésion, nous vous invitons à prendre un temps de recul avec chacune de ces fiches pratiques. 

Pour ce faire, vous pouvez les imprimer pour les lire, ainsi que pour les partager et échanger. 

Leur lecture ne vous prendra que quelques minutes. 

 Fiche n° 4 : NOUS voulons redonner du sens à notre métier

Nous, c’est l’USMA. Nous pensons que c’est vous également.

L’USMA s’est créée et a toujours fondé l’ensemble de sa réflexion et de son action sur les spécificités du métier de juger.

La logique comptable épuise et, partant, divise. La quête de productivité et d’efficience tourne à l’emballement stérile. Pour tenir ce rythme peu compatible avec le temps humain, nous allons vers toujours plus d’uniformisation et de recours aux machines (de simples outils prennent une place de plus en plus centrale). Etait-ce bien ce que nous recherchions en choisissant d’être juge ? Il nous semble que le sens même de notre métier est en danger. 

L’USMA est à tort présentée comme prônant l’abandon de la norme. C’est faux. Seul le rapport « Piérart » a défendu l’idée que la norme devait être abandonnée. 

Nous avons seulement fait le constat que la norme s’est révélée insuffisante pour protéger les magistrats d’une charge de travail devenue déraisonnable et prévenir les dérives dans la pratique de notre beau métier. 

La norme nous a-t-elle protégés ? Si elle demeure une boussole ou un plafond, elle est insuffisante. Alors que faire ?

A l’USMA, nous pensons que notre métier implique un certain recul par rapport à notre quotidien. C’est pourquoi, nous avons rédigé la fiche n°1 « Je ».  Relisons-la de temps à autre, non comme une perte de temps, mais comme un retour à l’essentiel. Si elle vous donne envie d’échanger autour de vous ou de nous écrire, tant mieux !

Nous pensons aussi que notre métier apprend à échanger des arguments dans le respect, à écouter les autres et à réfléchir collectivement. Voilà c’est dit. Après le temps de la réflexion individuelle, nous croyons profondément à l’échange et au collectif. Aucune norme ne nous protégera si nous entrons en concurrence ou si nous ne prenons pas suffisamment en considération le travail de nos collègues.

Aussi, nous nous sommes attachés à développer un réseau des délégués, notamment pour créer ou recréer des solidarités, pour que se mette en place une autre dynamique. 

Nous avons quelques idées, et nous vous proposons de les faire vivre par le débat avant de les mettre en pratique. 

Dans la prochaine fiche, nous vous soumettrons une proposition de méthode de calibrage de la charge de travail.

L’USMA poursuit un objectif unique, qui consiste à redonner du sens à notre métier.

Pour bien comprendre la méthodologie que nous défendons, il faut garder à l’esprit que les deux mouvements, ascendants, émanant des magistrats, et descendants, provenant de la déclinaison des objectifs fixés aux chefs de juridiction, sont distincts et mus par des intérêts contraires.

Nous aspirons à retrouver des conditions de travail plus acceptables, pour conserver le sens de notre fonction, et avons donc intérêt à ramener notre productivité à un niveau raisonnable, ce que nous ne pourrons faire qu’en restant unis. Plutôt que de parler de « gestion ascendante », nous vous proposons d’opposer un bouclier au gestionnaire.  

A l’inverse, le Conseil d’Etat, en dépit de la faiblesse des moyens qui lui sont accordés, a intérêt à ce que la productivité des juridictions administratives soit maintenue à son niveau le plus élevé, pour éviter un allongement des délais de jugement et atteindre le meilleur taux de couverture possible.

Lorsque deux forces s’opposent, c’est la force la plus naturelle qui l’emporte. Celle qui détient le pouvoir de décision. Mais rien n’est inéluctable et nous pouvons nous unir, pour redonner collectivement un sens à vos vies professionnelles : un bouclier qui ne soit pas un outil de gestion, mais un instrument destiné à conserver le sens de nos fonctions.

Action n° 4 : Magistrats de l’ordre administratif, rapprochez-vous du délégué USMA de votre juridiction ! Aidez-nous à unir nos forces pour redonner collectivement un sens à nos vies professionnelles.